Les batwa ont célébré la Journée Internationale des Peuples Autochtones pygmées ce 9 Août 2023. A l’occasion, ils se sont retrouvés avec le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) et ses partenaires à Kavumu dans le territoire de Kabare.
Une rencontre sous le format d’un dialogue organisé par le Comité de Pilotage de mise en œuvre de la feuille de route du dialogue de 2019. Une feuille de route qui concerne le processus de la protection durable du PNKB et la cohabitation pacifique entre le Parc, les peuples autochtones et les autres communautés riveraines.
Cette journée a été une occasion pour toutes les parties de mettre en lumière, au regard du dialogue de 2019, un thème crucial de l’accès à la terre pour l’autodétermination des jeunes Batwa mais aussi encourager une coexistence pacifique entre le PNKB et ses riverains.
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L’objectif de cette manifestation était de sensibiliser le public sur les défis auxquels les jeunes Batwa font face en matière d’accès à la terre et de promouvoir leur droit à l’autodétermination. C’était aussi l’occasion pour les participants de discuter des moyens de garantir un accès équitable à la terre pour les jeunes Batwa, afin de préserver leur culture, leur identité et leur bien-être.
Occasion faisant le larron, la journée a été mise à profit pour vulgariser les articles clés de la loi N° 22/030 du 15 Juillet 2022. Une loi portant protection et promotion des droits des peuples autochtones pygmées. Elle a été promulguée le 16 novembre 2022 par le Président de la République après son vote par le Parlement.
Conservateurs de l’écosystème forestier
Concernant la protection des forêts, les peuples autochtones pygmées ont rassuré qu’en leur qualité des premiers occupants, ils ont le devoir de se comporter en « conservateurs de l’écosystème forestier et animal » et non destructeurs comme certains peuvent le croire.
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Dans leur mémorandum, les pygmées ont souhaité voir le PNKB jouer son rôle « d’intermédiaire » entre l’Etat congolais et les autochtones pygmées qui n’ont plus des terres. Aussi, pour trouver des solutions nécessaires afin d’assurer leur autodétermination et leur participation active au développement durable.
Un mémorandum signé par des leaders et représentants des autochtones pygmées riverains du Parc National de Kahuzi-Biega et jeunes autochtones pygmées ressortissant dans différents territoires.
Ceux-ci ont exprimé leurs remerciements pour les démarches fournies par les autorités « qui se sont donné corps et âme » pour que les droits des pygmées soient protégés sur le plan National.
Ces représentants des peuples pygmées ont aussi insisté sur l’applicabilité de la loi qui prône l’accessibilité des pygmées à la terre. Elle demande à l’Etat congolais de leurs octroyer des terres et ressources équivalant par leur qualité et leur étendue, à celles qu’ils ont quittées suite à la délocalisation.
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« Il sied de signaler l’absence des pygmées à avoir accès aux terres, ceci pour faire appel à tous les pygmées dans l’objectif de les sensibiliser et non les révolter de prendre en considération et de respecter cette loi en vue de promouvoir les droits des pygmées à tous les niveaux. De ces faits, certains pensent que les pygmées sont des incapables alors que nous jouissons de nos facultés car parmi nous il y a des scientifiques avérés et informés. C’est ce qui nous amène à bien structurer nos organisations. Néanmoins, quant à ce qui concerne la protection des forêts, nous vous rassurons qu’en notre qualité des premiers occupants avons le devoir de nous comporter en conservateurs de l’écosystème forestier et animal et non destructeurs comme certains peuvent le croire », ont dit les leaders et représentants des pygmées.
Soutien au financement de la Conservation
Dans le même ordre d’idées, les peuples autochtones pygmées ont adressé une demande de poursuite du processus de financement du projet de conservation du Parc National de Kahuzi Biega par l’Agence Française de Développement (AFD).
Pour eux, la décision du Gouvernement Français suspendant le processus de financement du PNKB, site du patrimoine mondial de l’UNESCO et qui se réfère au rapport d’enquête menée par une organisation internationale renseignant sur les violations des droits des peuples autochtones dans le PNKB est « impartial », « entaché des pièces réfutables qui « cause et amplifie la souffrance » des peuples autochtone dépendant de cette aire protégée ».
« Au moment opportun, nous vous ferons la lumière et toute la vérité sur la décision prise sur base d’un travail que nous mettons en cause », ont promis les leaders et représentants des pygmées.
Ils soulignent que déjà à l’époque de la promesse de financement, les dynamiques tendant à la consolidation de la paix marchaient et donnaient l’espoir de la réduction de la misère des peuples autochtones.
Le rôle des jeunes autochtones pygmées
Dans son discours lu devant les participants, le Chef de site du PNKB a insisté sur le fait que les jeunes autochtones pygmées ont un rôle important à jouer dans la conservation durable des ressources naturelles, et de surcroît le PNKB. Ceci parce que la perte de la biodiversité et la dégradation de l’environnement ont impact direct sur les personnes dépendantes des ressources naturelles, soit pour les valeurs culturelles soit pour les services écosystémiques.
Deo Kujirakwinja a félicité Président de la République et son Gouvernement ainsi que les institutions délibérantes au niveau national d’avoir promulgué la loi sur les droits des PA. Il a aussi invité les institutions provinciales et locales ainsi que les différents partenaires à accompagner les acteurs sur terrain pour la mise en œuvre effective de ladite loi.
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« Assimilant les connaissances traditionnelles transmises par leurs aînés, ils peuvent contribuer à régler certains problèmes qui nous sont communs et promouvoir la cohésion sociale. Les jeunes doivent perpétuer leur culture et la mettre au service du développement durable et de la conservation de la nature, les Pygmées étant les premiers conservateurs », a-t-il soutenu.
Le chef de site du PNKB a par cette occasion lancé encore une fois un appel à toutes les parties prenantes pour soutenir la conservation de la biodiversité du PNKB. Il s’agit des communautés riveraines du Parc en général et les Batwa.
Il a exhorté à éviter « la manipulation », la « division ». « Travaillons ensemble pour la mise en œuvre effective de la feuille de route du dialogue de Bukavu ».
Il sied de signaler que pour ce 9 aout 2023, le thème retenu au niveau international est : « Les jeunes autochtones, agents du changement pour l’autodétermination ». Au Sud-Kivu particulièrement, la journée a mis un regard particulier sur le dialogue de 2019, sous le thème « l’accès à la terre pour l’autodétermination des jeunes Batwa ».
Merci beaucoup pour une information et fidèle pour nous autochtones pygmées du Sud-kivu et riverains du PNKB