Éboulements à Bukavu : pas des mesures préventives pour éviter d’autres dégâts sur des sites impropres à la construction

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Vue sur un site de construction anarchique à ELAKAT

Après  plus de 25 morts enregistrés dans la ville de Bukavu, à la suite des fortes pluies qui se sont abattues, mercredi 27 décembre, dans plusieurs quartiers de la ville de Bukavu, des habitants continuent à vivre dans des maisons à très haut risque sur les sites impropres à la construction. Pas de mesures prises par les gouvernants, ni par les habitants dont les vies sont en danger.

Les cadres de base n’ont pas aussi de décision ni de moyens pour délocaliser ces habitants. Ils attendent la décision des autorités provinciales pour agir. Mais en même temps ils les accusent d’occasionner ces catastrophes car c’est bien elles qui octroient des parcelles et qui autorisent la construction.

A part des plaintes et des accusations, les cadres de base n’ont aucun pouvoir et rien à faire pour protéger des vies en danger.

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Contactés par La Prunelle RDC, certains disent avoir du mal à prendre des mesures préventives, parce que toutes ces personnes qui construisent et vivent dans des maisons à haut risque sur des sites impropres à la construction sont protégées soit par les autorités provinciales ou par des agents et hauts cadres de la Division de cadastre. 

Pour Christophe Ngerengeza, Chef de Quartier Nyalukemba, des décisions prises par les autorités sont bafouées par les mêmes autorités. Ce cadre de base précise que les autorités de la ville de Bukavu interviennent lorsqu’on demande à ces personnes de quitter dans ces maisons à haut risque ou lorsqu’on leur interdit de construire.

« Parfois nous comme cadre des bases intervenons quand quelques personnes veulent construire sur ces sites, malheureusement nous sommes interpellés par des autorités militaires et des hauts cadres qui nous obligent à laisser les gens construire. Au bassin du collège par exemple, un agent du Cadastre a construit une maison que nous avons décidé de démolir mais après nous avons été interpellés au parquet.  Quand l’autorité prend une décision, nous avons le devoir de l’accompagner. Comme nous, dans l’avenue Milima, c’est un site jugé impropre depuis le Gouverneur Marcellin Cishambo mais jusqu’ à aujourd’hui les gens construisent la nuit et le matin, ils te montrent des documents du Cadastre. Nous n’avons ni pouvoir ni moyen de délocaliser ceux qui sont sur ces sites dangereux » , explique-t-il.

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Mêmes difficultés pour les cadres de base du quartier Panzi dans la commune d’Ibanda.

Christophe Itongwa, Chef de Quartier adjoint de Panzi pointe du doigt les services fonciers qui, dit-il,  sont à la base des constructions sur des sites impropres et c’est à eux de prendre des mesures préventives pour protéger ceux qui sont en danger.

« Nous avons beaucoup de difficultés. Les services habilités à donner des documents sont la Division des Affaires foncières et le Cadastre. C’est eux qui vendent des parcelles sur ce site, vous allez constater que quelqu’un construit une maison avec tous les documents et nous, cadres de base nous avons la difficulté de passer à la destruction méchante parce que nous n’avons des documents qui nous autorisent à le faire, si non, nous sommes interpellés par le parquet et nous attendons qu’ils prennent des mesures et nous nous allons exécuter».

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A Panzi, Nyalukemba comme à Nyakaliba les autorités provinciales et d’autres hauts cadres interviennent et influencent pour que ces maisons soient construites sur ces sites.

«  Beaucoup de trafic d’influences dans ces dossiers. La loi aussi ne protège pas les cadres de base quand ils veulent agir, nous nous trouvons interpellés par le parquet quand nous exécutons les décisions pour le bien de nos communautés mais nous voyons des agents des services d’urbanisme et cadastre qui vendent des parcelles à des sites déclarés impropres » ajoute Faustin Buroko, Chef du quartier Nyakaliba

Notons que malgré l’arrêté du Gouverneur interdisant la construction des maisons sur des sites jugés impropres, de nombreux habitants continuent d’ériger des bâtisses sans tenir compte des normes et sous l’œil complice des responsables administratifs et politiques.

D’autres continuent à vivre dans des maisons avec des fissures ou sur des pentes dangereuses avec tous les dangers qui pourront s’en suivre. Avec la saison pluvieuse et tout ce qui vient avec dans la ville, le risque d’enterrer des morts est toujours là.

Trésor Wilondja

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